Avignon

Quand l’ESS s’invite dans les débats du Festival d’Avignon

Un des débats organisés le 13 juillet 2017 en marge du Festival d’Avignon était consacré à l’ESS dans la culture. Une première, due à l’initiative de la Fondation du Crédit coopératif et saluée par les responsables du festival, qui comptent bien renouveler l’expérience.

« Il se passe quelque chose autour de l’économie sociale et solidaire », constate Paul Rondin, directeur-adjoint du Festival d’Avignon, en guise de justification de la caution apportée à l’initiative de la Fondation du Crédit coopératif d’organiser un débat en marge du festival sur la place de ce secteur dans la culture. « Nous avons un grand appétit pour l’ESS, depuis qu’Avignon abrite la Fabrica (1), structure qui nous fait réfléchir à la façon de faire vivre cet équipement tout au long de l’année sur le territoire avignonnais. »

Hugues Sibille, président de la Fondation du Crédit coopératif, opérateur financier qui se définit comme « la banque des saltimbanques », compte porter la cause ce tiers secteur auprès de la ministre de la Culture, à qui il demandera un rendez-vous à la rentrée.

Une rencontre que Françoise Nyssen inscrira peut-être à son agenda après avoir reçu les conclusions de Bernard Latarjet sur le sujet. L’ancien directeur de la candidature de Marseille capitale européenne de la culture est, en effet, chargé d’une « mission » sur l’ESS, « pour faire l’état des lieux et proposer de nouvelles perspectives de développement », comme il l’a précisé, à la Gazette à l’issue du débat.

Trois évolutions des politiques culturelles

Pour cet administrateur culturel, l’ESS fait partie des voies à explorer pour prendre en compte trois évolutions majeures qui percutent de plein fouet les acteurs culturels et les artistes :

  • le « choc financier » supporté par les collectivités, contraintes pour la plupart de réduire leurs subventions ;
  • « la remise en question des missions issues du modèle « Malraux » basé essentiellement sur la production-diffusion» des œuvres ;
  • l’intérêt grandissant des collectivités pour la culture, perçue comme une filière créatrice de richesses et d’emploi pour les territoires.

Déclaration de Fribourg

« Aujourd’hui, les lieux de culture sont bien remplis. Mais on sait que cela ne suffit plus », souligne Bernard Latarjet. Le risque de l’entre-soi est à conjurer, faute de quoi il y a un problème de légitimité des acteurs et de leurs missions. » Et de se référer à la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels (2007), « qui fait de cette remise en cause une obligation sociale ». Pour lui, cette évolution oblige à une conception du champ culturel beaucoup plus ouverte sur les autres secteurs, comme l’éducation, la santé, le social, la recherche. « Cela favorise les coopérations entre acteurs au sein des projets territoriaux », pronostique Bernard Latarjet.

Carcan du statut associatif

Élargir autant son horizon demande de la souplesse, comme l’a souligné Louis Schweitzer, président du Festival d’Avignon, de France Initiative (réseau associatif de financement solidaire) et la MJC de Bobigny. L’ancien PDG de Renault, qui plaide pour que « le système associatif ne soit pas un carcan » met aussi en garde contre le comportement des pourvoyeurs de subventions publiques, qui a tendance à être  « infantilisant, par manque d’exigence et par manque de fermeté » à l’égard de la structure subventionnée. Une attitude, qui, au bout du compte, « empêche (les associations) de grandir »

FOCUS

Une grande diversité de projets

L’économie sociale et solidaire (ESS) n’a pas de champs culturels de prédilection, comme l’ont montré les trois exemples présentés lors du débat d’Avignon.

  • la Coursive Boutaric, pôle territorial de coopération économique (PTCE) constitué d’entreprises créatives, à Dijon et à Besançon ;
  • le Grand T, théâtre « solidaire » à Nantes, majoritairement financé par le département de Loire-Atlantique  ;
  • le Plus petit cirque du monde, école de cirque et lieu de production de lien social, à Bagneux.

« Les 35 000 associations du secteur culturel ne répondent pas à un modèle unique », souligne d’ailleurs Louis Schweitzer, président du Festival d’Avignon et de France Active, ainsi que de la MJC de Bagneux. Il faut réfléchir pour que ce système associatif ne soit pas un  carcan. Car on voit souvent que les contraintes sont trop fortes. »

Source : La Gazette des Communes

Dossier à lire sur la Gazette : ESS et collectivités territoriales, un couple à fort potentiel

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