Des risques réels de dégradation de la qualité de l’emploi dans les associations
Lors d’une conférence conclue par le Ministre du travail François Rebsamen, le Mouvement associatif a dressé avec ses partenaires un panorama de la qualité de l’emploi associatif. Les risques de dégradation sont réels pour les années à venir.
La qualité de l’emploi est une préoccupation croissante pour les partenaires sociaux et les organismes internationaux comme le Bureau International du Travail, la Commission Européenne et l’OCDE. Il s’agit d’un concept multidimensionnel qui comprend notamment les conditions d’emploi (salaire, type de contrat, …), les conditions de travail (environnement physique, horaires, intensité, santé, …), l’accès à la formation, l’égalité et la prévention des discriminations ainsi que la conciliation des temps de vie.
Elle se serait faiblement dégradée dans l’Union Européenne depuis 2007. Ce qui pourrait être pris comme une bonne nouvelle tient en réalité à des destructions d’emplois de faible qualité. Malgré une satisfaction au travail élevée dans le milieu associatif, les risques de dégradations sont réels.
Une responsabilité sociale des élus
L’emploi associatif représente aujourd’hui en France 1,8 millions de salariés avec 180 000 associations employeuses. 2% des associations concentrent la moitié des emplois. Le secteur compte 45% de CDI, 31% de CDD et 22% d’autres types de contrats. Ainsi l’emploi atypique (temps partiel, intermittence, travail saisonnier) caractérise particulièrement le milieu associatif.
Selon un baromètre Chorum/CSA, 41% des acteurs associatifs ont le sentiment que leur qualité de vie au travail s’est dégradée. Malgré une satisfaction globalement supérieure aux salariés du secteur privé lucratif, des inquiétudes pour l’avenir persistent.
Ce qui inquiète principalement les associations : le raccourcissement des durées de conventions avec les pouvoirs publics. Il prive les employeurs associatifs d’une vision de long terme et encourage le recours à des contrats de plus en plus courts. On observe ainsi une baisse de la proportion des CDI en 2013. Par ailleurs, les associations sont fortement concurrencées par le secteur marchand, notamment dans le secteur de la santé, qui n’applique pas les mêmes conventions collectives. Des risques de dumping social sur les marchés publics sont aujourd’hui réels.
Lors de la table ronde, Hugues Vidor (vice-président de l’UDES) a développé la notion de responsabilité sociale des élus qui décident des subventions accordées aux associations. Leur rôle dans le maintien d’un emploi de qualité dévoué à l’utilité sociale est central.
Pauline Verron (Elue adjointe au Maire de Paris, chargée des questions relatives à la démocratie locale, la participation citoyenne, la vie associative, la jeunesse et l’emploi) a tenu à souligner l’importance que revêt l’emploi associatif pour Paris (pas moins de 7,6% de l’emploi de parisien). La ville vient de créer un Observatoire Parisien de la vie associative et compte développer des conventions pluriannuelles avec les associations pour contrer l’effet précaire induit par les appels à projets.
L’emploi associatif participe de l’intérêt général à double titre. D’une part, la création et le maintien d’emplois est aujourd’hui une priorité. D’autre part, la gestion désintéressée des associations garantie une utilité sociale et un ancrage territorial forts.
Enfin, les dirigeants associatifs doivent également prendre conscience qu’ils peuvent améliorer significativement la qualité de vie au travail de leurs salariés par des actions simples et non coûteuses (améliorer les possibilités d’expression et d’échange, l’organisation du travail, …).. En ce sens, le Mouvement associatif a remis un Prix pour l’emploi de qualité à 4 associations.
Source : Le labo de l’ESS