Reportage

Les Mangeurs de Pierres : la maitrise du travail de la pierre au service d’un projet alternatif ambitieux d’économie locale, sociale et solidaire.

 

chemin pavé en pleine natureL’Udess 05 est allée à la rencontre de la Scop « Les Mangeurs de Pierres ». Au cœur de l’Embrunais, cette coopérative fonde son activité sur le travail de la pierre et du bois. Maîtrise des métiers et des techniques (notamment la construction et la restauration de monuments historiques), partage des savoir-faire et développement des compétences caractérisent le projet de cette entreprise haut-alpine.

Innover tout en portant un modèle d’entreprise « à l’horizontale », voilà le pari des Mangeurs de Pierres. Assumant pleinement son rôle d’acteur du territoire, l’équipe de la SCOP rappelle que son ambition, c’est avant tout de « former et faire travailler des habitants des Hautes-Alpes dans une structure à taille humaine. »

Quelques infos utiles

Les Mangeurs de Pierres, ce sont aujourd’hui 4 associés-salariés et environ 10 ETP par an.

Date de mdp2création : 2010

Localisation : Embrun

Territoire d’action : Hautes-Alpes

Activités : Rénovation du bâti ancien et des monuments historiques, taille, maçonnerie de pierre, gros œuvre en pierre maçonné et en pierre sèches, sculpture, charpente, isolation, diagnostic pathologie, entretien et neuf…

Quelques restaurations réalisées : la chapelle des Roranches, la chapelle de Bouchier, le clocher de Vallouise, les remparts de la vielle ville de Briançon, le fort du Randouillet à Briançon, le temple de Dormillouse, le château de Tallard…
et la taille des trophées pour la coupe du monde d’escalade de Briançon.

Site Internet : www.mangeursdepierres.fr

3 questions posées aux gérants de la Scop

En quoi votre entreprise du BTP s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire, selon vous ?

Pour les principes qu’elle essaie de mettre en œuvre, avec succès, tels que la structuration horizontale de l’entreprise, le partage des responsabilités et des décisions, l’échange… Ces principes se traduisent par exemple par une rémunération égale pour tous, quelles que soient les fonctions, la participation au bénéfice de tous les salariés qui travaillent depuis plus de 3 mois au sein de notre SCOP, indépendamment de leur volonté d’association.

Ce qui prime, c’est l’ambition de l’émancipation de la personne humaine, sa qualité de vie, garantie par son implication dans le projet de la SCOP. L’ESS, c’est permettre à l’homme de vivre l’économie et le travail selon les mêmes valeurs qu’il respecte dans sa vie, c’est donc fortifier son individualité au sens large, et non selon l’approche du libéralisme et de l’individualisme. C’est ce que souhaitent partager les associés de la SCOP des Mangeurs de Pierres.

Qu’est-ce que ça vous apporte et a contrario quels sont les inconvénients que ça implique ?

Travailler dans cette optique apporte beaucoup de satisfaction. Et c’est efficace ! Les résultats sont là et s’étendent potentiellement au-delà du seul cadre de la SCOP. C’est une affaire de transmission : transmission de valeurs, de concept, de savoirs et de compétences. De plus en plus de clients nous choisissent pour notre savoir-faire mais aussi parce que nous sommes une structure d’économie sociale et solidaire. La pertinence de l’ESS est de plus en plus visible. Le rapport au travail est changé par le projet et ses ambitions.

Mais c’est aussi des frustrations, notamment celle de devoir composer dans un cadre rigide et froid, érigé par les valeurs du capitalisme et du libéralisme en inadéquation avec les principes fondateurs de l’ESS. Cela demande de l’adaptation. Il faut aussi composer avec les personnes, salariés comme intervenants extérieurs, qui ne parviennent pas à voir la pertinence de nos choix, guidés par les principes de l’ESS.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Nous souhaitons asseoir notre jeune société, continuer notre développement local et fortifier nos équipes. Parmi nos projets, nous avons l’ambition d’entrainer des choix en cohérence avec les problématiques de notre époque et de notre territoire. Nous souhaitons revaloriser la pierre sèche, envisager la restauration comme une tâche régulière d’entretien et non comme une obligation ponctuelle d’urgence, qui étouffe les collectivités par ses coûts très élevés et soudains et qui empêche la pérennisation des emplois à moyen et long terme. Cela a aussi pour conséquence d’exclure les petites structures locales au profit des grandes, seules à avoir une capacité suffisante pour assumer ces choix, et d’empêcher leur développement en touchant des marchés ambitieux.

A terme, nous avons l’ambition de générer la création d’un réseau de Scop partageant notre ambition qui viendra contrebalancer les orientations économiques actuelles. Nous sommes des promoteurs convaincus de l’ESS.

Février 2015